L’histoire des Cenci - viol, inceste et mort - avait tout pour satisfaire le goût des romantiques, de Shelley à Stendhal, pour l’horrible et le monstrueux. Quand Artaud s’en empara à son tour pour enrichir ce qui aurait pu n’être qu’un atroce fait divers d’intentions philosophiques, elle lui permit de développer des thèmes chers : la révolte, le déchaînement des pulsions, l’abjection des puissants, la quête de l’absolu. Il en fit, en 1935, un spectacle ambitieux pour lequel il sut s’entourer d’artistes promis au plus bel avenir : Balthus, Blin, Barrault. Malgré le peu de moyens, il réussit à innover dans des domaines essentiels de la mise en scène et ouvrit la scène à un imaginaire libéré de toute sujétion au réel.