Le génie de Charles Baudelaire, romantique de tempérament, d'admirations (Hugo ou Sainte-Beuve) et de fréquentations ( Gautier, Borel), mais conscient de la validité de certains arguments et valeurs des formalistes de 1850 (travail, maîtrise, rigueur) est d'avoir su inventer, en plein cœur de ce débat essentiel, une solution qui le mette à l'abri des pièges du lyrisme intempérant comme de la froideur parnassienne ou néo-classique.
La modernité, dont Baudelaire salue l'émergence chez des artistes contemporains (Delacroix, Constantin Guys, Daumier et plus tard Manet ou Cézanne) naît en fait de la double leçon romantique et formaliste. Loin de nier l'authenticité romantique ancrée dans le présent de l'histoire, et qui reste " l'expression la plus récente, la plus actuelle du beau ", elle se voudra un romantisme maîtrisé, débarrassé de ses conventions et infléchi dans le sens d'une plus grande conscience des pouvoirs de l'art.