"Moi, je connais ce livre par cœur, je peux te le réciter en entier comme le Coran. Cette histoire, c’est un cadavre qui l’a écrite, pas un écrivain." Kamel Daoud
Un homme, tel un spectre, soliloque dans un bar. Il est le frère de l’Arabe tué par Meursault dans L’Étranger, le fameux roman d’Albert Camus. Il entend relater sa propre version des faits, raconter l’envers du décor, rendre son nom à son frère et donner chair à cette figure niée de la littérature: l’« Arabe ».
Iconoclaste, le narrateur est peu sympathique, beau parleur et vaguement affabulateur. Il s’empêtre dans son récit, délire, ressasse rageusement ses souvenirs, maudit sa mère, peste contre l’Algérie – il n’épargne personne. Mais, en vérité, sa seule obsession est que l’Arabe soit reconnu, enfin.
Kamel Daoud entraîne ici le lecteur dans une mise en abîme virtuose. Il brouille les pistes, crée des effets de miroir, convoque prophètes et récits des origines, confond délibérément Meursault et Camus. Suprême audace: par endroits, il détourne subtilement des passages de L’Étranger, comme si la falsification du texte originel était la réparation ultime.
Né en 1970 à Mostaganem, Kamel Daoud est journaliste au Quotidien d’Oran où il tient une chronique à succès « Raïna raïkoum ». Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont le recueil de nouvelles La Préface du nègre ( barzakh, 2008 ) récompensé par le Prix Mohammed Dib et traduit en allemand ainsi qu’en italien.
Ficção / Literatura Estrangeira / Romance